Texte de Roland Reumond

Chère Dominique, depuis 1987 et votre exposition aux Chiroux, j’ai eu le plaisir de suivre incognito votre parcours d’artiste. Plus qu’une céramiste, il y a en vous (ou chez vous) une réelle créatrice ; vos dernières œuvres sont des sculptures à part entière qui n’ont rien à envier à d’autres Liégeois, peut-être plus vénaux.
Quand l’esprit se fait corne, la terre se fait chair, c’est clair !
Ainsi, vos dernières « postures » sont bien celles de « l’imposture » et de la mystification. Vos personnages y sont comme émergés d’une commedia dell’arte made in Liège, ou simplement immergés dans cette condition humaine qui est nôtre comme des terreux ou des glébeux.
Sortis de terre entre vos mains, par ruse ou par ingéniosité, un sourire niais aux lèvres, ils participent les uns et les autres à un théâtre ridiculement humain. L’imposture est là, c’est celle de nous croire des « Hommes » tellement humains, alors que nous ne sommes que des bêtes pauvrement cornues !
Quand on décide de toucher à cette matière comme j’ai osé le faire, on y découvre notre propre vulnérabilité, celle d’êtres androgynes qui ne savent pas vraiment qui ils sont et à quel genre se fier : bête, homme, dieu… Dans cette grande monstration de bête à cornes ou cette démonstration de corps que l’on nomme la vie.
Nous sommes des êtres hybrides en ces terres imaginaires.
Si depuis des millénaires nous ne sommes plus condamnés à rester perchés dans nos arbres comme des primates attardés ou au sol comme des mammifères, le fait de « savoir », et de « savoir y faire » ou de nous élever plus encore, ne nous rend pas pour cela plus Humains !
L’homo sapiens caricaturé ici est un animal risible, vulnérable et blessé dans sa nature captative, égoïste, burlesque, narcissique (cf. Star aca.), exhibitionniste (cf. TV réalité), parano, parfois violente… Bien à notre image de créature dans une création en mouvement, toujours virtuelle.
Mais ce n’est là qu’une perception de poète, l’une parmi bien d’autres, là où votre œuvre parle à mon écriture. Un bien beau travail, à suivre…

Roland Reumond, 3octobre 2014

Exposition à l'OPMA, Liège septembre-octobre 2014

Chronique des expositions de Jacques Parisse

Aux Chiroux, Dominique Matagne, complice de Jacques Lecrompe, annonce d’emblée la couleur. Elle ne présente pas des sculptures mais des postures. Et voila une modestie souriante qui me plait, parce qu’elle est rare.

Si Jacques Lecrompe réinvente le ciel, Dominique Matagne recrée le paradis terrestre. C’est un jardin fou, plein d’animaux bizarres, des personnages mi-hommes, mi-bêtes. Sur tout cela, Dominique Matagne plaque des « clapantes couleurs » comme on dit à Liège, ajoute des éclats de miroir, des perles, de la poudre d’or. C’est charmant, et plein de joyeuse imagination.

RTBF Radio-jeudi 12 février-Jacques Parisse

Exposition des Chiroux-Liège-2/1987